Cette question est souvent posée dans le contexte de la réanimation des patients présentant des acidémies profondes.

Il est assez clair et démontré que l’acidose réduit la contractibilité du ventricule gauche. Comment ? Par la réduction de l’entrée intracellulaire du calcium d’une part et par la compétition entre les ions H+et les sites de liaison du calcium à la troponine myocardique.

Par contre, l’affirmation selon laquelle les catécholamines “ne marchent pas ou pas aussi bien” en cas d’acidose n’est pas aussi claire et “évidente”.

Les études en faveur de cette idée ne sont pas nombreuses et parfois même contradictoires. Voici les 3 principales sur le sujet.

VASOPRESSORS AGENTS – INFLUENCE OF ACIDOSIS ON CARDIAC AND VASCULAR RESPONSIVENESS

Cette étude, de 1958 publiée dans California Medicine, décrit les effets de catecholamines sur des chiens avec des conditions d’acidémies variables (pH de 6.76, 7.27 et 7.34). Les auteurs notent des réponses moins importantes aux catécholamines lorsque le pH diminue et ce quel que soit le vasopresseur utilisé.

Les auteurs ont également apporté à leur étude l’information suivante : en administrant à 6 patients « humains », présentant une acidémie et traités par vasopresseurs, du lactate de sodium, ils augmentaient leur pH et réduisaient les besoins en catécholamines… Pas de groupe contrôle, pas de randomisation, échantillon tout petit et surtout pas de données fournies dans l’étude. Juste une affirmation. Ceci est un bon reflet des exigences de publication d’étude dans les années 50.

MECHANISM OF DIMINISHED CONTRACTILE RESPONSE TO CATECHOLAMINES DURING ACIDOSIS

Cette étude, de 1988 parue dans American Journal of Physiology, montrait une diminution de l’expression cardiaque des récepteurs béta lorsque le pH de poulet chutait. La réponse à l’Isoproteronol était réduite d’autant.

EFFECT OF SEVERE ACIDOSIS ON VASOACTIVE EFFECTS OF EPINEPHRINE AND NOREPINEPHRINE IN HUMAN DISTAL MAMMARY ARTERY

L’étude la plus récente sur le sujet date de 2014 et a été publiée dans Journal of Thoracic and Cardiovascular Surgery. Les auteurs se sont intéressés à l’action des catécholamines sur des artères mammaires humaines ex vivo avec des conditions variables de pH. Contre toutes attentes, leur étude a montré une réponse AUGMENTÉE à l’Adrénaline et à la Noradrénaline lorsque le pH diminuait.

La conclusion de cette étude, la plus récente sur le sujet, affirme que d’un point de vue pharmacologique, ces résultats apportent des arguments en faveur du fait de ne pas augmenter les doses de catécholamines en cas d’acidose sévère.

CONCLUSION

Dans la vie de tous les jours, ce concept est difficile à définir. En effet le degré de gravité de la présentation de la maladie tend à être corrélé au degré de l’acidose et de l’hypotension. Ainsi, la mauvaise réponse aux catécholamines pourrait être seulement due à la gravité de la présentation initiale plus qu’à l’acidose envisagée isolement.

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